Médias en France : tendances et usages récents à connaître

En 2024, WhatsApp dépasse Facebook en nombre d’utilisateurs mensuels actifs en France, tandis que TikTok progresse chez les moins de 25 ans. LinkedIn enregistre une croissance inédite auprès des jeunes diplômés, contrastant avec le ralentissement de Snapchat.

Le temps quotidien passé sur les réseaux sociaux franchit le seuil des deux heures chez les 16-34 ans. Les messageries privées et les formats courts dominent les usages, évinçant progressivement les publications classiques. Le rapport entre confiance et sources d’information s’inverse, avec une préférence marquée pour les créateurs individuels face aux médias traditionnels.

Où en sont les réseaux sociaux en France en 2024 ?

Les réseaux sociaux n’ont jamais autant imprimé leur marque dans la vie des Français. Aujourd’hui, 63 % de la population les fréquentent régulièrement. Toutes générations confondues, ces plateformes sont devenues des points d’ancrage : pour échanger, s’informer, partager une opinion. Sur près de 68 millions d’habitants, la progression de ces usages ne se dément pas. Le nombre d’utilisateurs actifs grimpe encore, porté par une soif de connexion instantanée et d’accès direct à l’information.

À l’avant-scène, quatre acteurs structurent l’écosystème : Facebook, YouTube, Instagram et TikTok. Chacun s’est taillé une place : Facebook fédère toujours sa communauté historique, YouTube règne sur la vidéo, Instagram s’adresse aux urbains et aux jeunes actifs, tandis que TikTok séduit massivement la génération Z. Chez les 18-24 ans, près d’un sur cinq passe plus de cinq heures par jour à consommer du contenu le week-end.

Les habitudes numériques se différencient nettement selon l’âge. TikTok et Instagram dominent chez les jeunes adultes. Les plus âgés, eux, restent attachés à Facebook, souvent pour garder le fil de l’actualité locale. YouTube traverse les générations, incontournable pour apprendre, se divertir ou explorer de nouveaux univers. Les réseaux sociaux deviennent ainsi le reflet des pratiques propres à chaque tranche d’âge.

Voici comment les plateformes se répartissent selon les profils :

  • Facebook : solide chez les 35 ans et plus
  • Instagram, TikTok : croissance marquée chez les 16-24 ans
  • YouTube : usage massif, tous âges confondus

La capacité à renouveler les formats et à fédérer autour de vidéos courtes façonne désormais la hiérarchie. Les communautés se forment, l’engagement se concentre là où l’audience trouve rythme, créativité et proximité.

Panorama des plateformes les plus populaires auprès des Français

Le paysage français des plateformes sociales se structure autour de quelques piliers, chacun avec ses codes et son public. Facebook garde une force tranquille chez les plus de 35 ans, tandis qu’Instagram et TikTok affichent une énergie débordante auprès des 16-24 ans. Les formats courts, TikTok, YouTube Shorts, Instagram Reels, captent l’attention, polarisent les discussions et dictent les tendances. TikTok se distingue : chaque utilisateur y consacre en moyenne près de 33 heures par mois.

Afin de mieux comprendre la diversité de l’offre, voici les plateformes qui s’imposent dans l’Hexagone :

  • Facebook : point d’ancrage pour les générations établies
  • Instagram : univers de l’image et de la prescription culturelle, prisé par les urbains
  • TikTok : laboratoire de tendances, terrain de jeu des influenceurs et des contenus viraux
  • YouTube : plateforme universelle, adoptée pour apprendre, écouter de la musique ou se divertir
  • Snapchat : favori des adolescents, champion du nombre de connexions par mois
  • WhatsApp : messagerie familiale et privée, devenue réflexe quotidien

Le streaming gagne du terrain, bousculant la donne. Netflix équipe désormais trois foyers sur quatre, Prime Video séduit presque la moitié des Français, Disney+ continue de croître. Ce foisonnement d’offres traduit une segmentation nette : réseaux sociaux, messageries, plateformes vidéo s’entrecroisent, alors que les jeunes générations et les formats immersifs rebattent les cartes.

Quelles tendances de consommation émergent cette année ?

Les usages médias se morcellent. La télévision linéaire reste présente, suivie par 78 % des Français, mais les profils s’écartent. Les baby-boomers s’y accrochent, tandis que la génération Z y revient parfois, mais en replay ou via des extraits partagés sur les réseaux. Le streaming poursuit sa percée, porté par la richesse de l’offre, Netflix, Prime Video, Disney+, et par les envies de diversité, de séries internationales ou de blockbusters selon les âges.

Le multi-écrans s’impose comme un mode de vie : 67 % des utilisateurs jonglent entre smartphone, tablette, ordinateur ou télévision, souvent tout au long de la journée. Les sessions sont courtes, fréquentes, imbriquées dans la routine. La radio persiste, mais sur des temps réduits, écoutée par 16 % de la population, surtout en déplacement. Les podcasts séduisent 6 % des Français, principalement les millennials, adeptes de contenus longs et de mobilité.

La publicité s’adapte à ce nouvel environnement. Le retail media recompose les stratégies : Amazon en tête, avec des revenus publicitaires qui dépassent les 50 milliards de dollars à l’échelle mondiale. En France, Carrefour s’associe à des géants du streaming, comme avec le programme Carrefour Plus sur Netflix. Le DOOH (publicité digitale extérieure) s’envole, avec une progression de 27,1 % cette année, stimulée par les innovations de JCDecaux et les initiatives sur-mesure des grandes marques. Le sport, quant à lui, devient un terrain d’affrontement majeur, propulsé par les JO de Paris 2024 et la multiplication des accords entre plateformes et ligues.

Homme âgé écoutant un podcast dans un parc urbain

Les nouveaux usages qui transforment la manière d’informer et d’interagir

Le smartphone règne désormais sur la consommation d’information. Près de deux Français sur trois consultent l’actualité sur leur mobile : le geste est devenu automatique, presque réflexe. Les influenceurs et créateurs de contenus s’imposent comme des repères : HugoDécrypte, avec ses millions d’abonnés, illustre la montée en puissance de figures individuelles sur YouTube et TikTok. Les pure players, à l’image de Mediapart, tirent parti de cette évolution, proposant des formats plus directs, interactifs, loin des schémas classiques de la presse papier.

Le podcast bénéficie d’un engouement particulier chez les jeunes urbains, attirés par l’authenticité du format et sa souplesse d’écoute. Ce nouvel espace d’expression s’installe dans les habitudes, offrant une alternative à la radio traditionnelle, jugée parfois trop rigide. Les médias historiques, presse écrite, chaînes d’info, subissent la double peine : défiance croissante et baisse de l’audience, alors que leur modèle économique s’essouffle. Les médias publics et locaux gardent une meilleure image de fiabilité, même si la confiance envers l’information ne décolle pas, plafonnant à 31 %.

L’inquiétude monte face à la désinformation : 59 % des personnes sondées à travers le monde s’en préoccupent. L’intelligence artificielle, capable de générer des contenus de façon quasi autonome, accentue cette méfiance. L’accès payant à l’actualité progresse lentement : seuls 11 % des Français ont un abonnement numérique, Le Monde menant la danse avec 400 000 abonnés. L’éducation aux médias reste le parent pauvre : à peine plus d’un Français sur dix se sent concerné, ouvrant la porte aux fake news et à leur propagation virale.

En toile de fond, le paysage médiatique français se redessine à grande vitesse, porté par la créativité des jeunes générations, la montée des formats courts et le basculement vers l’information mobile. Reste à savoir jusqu’où cette révolution silencieuse pourra transformer durablement nos façons de nous informer, d’échanger… et peut-être même de nous comprendre.